[ r e p o rtag e ] L’hydrocureuse Scania XT de 410 ch avait besoin d’un moteur puissant pour alimenter la pompe haute pression et la pompe à vide servant à l’aspiration. S ur un carrefour particulièrement emprunté de l’Eurométropole, le flot d’automobiles donne le tournis, alors que les conducteurs évitent tant bien que mal l’imposant Scania P 410 rouge à l’arrêt ; « les gyrophares sont en marche. C’est notre parking ! », sourit Dominique Muller, égoutier au SDEA, le Syndicat des eaux et de l’assainissement Alsace- Moselle. Autour de l’étourdissante machinerie entièrement automatisée, son coéquipier, Fabien Gennetay, finit de sécuriser le périmètre de travail et débute l’intervention. « Nous allons curer 200 mètres de réseau d’assainissement. C’est une action préventive d’entretien. On envoie d’abord le tuyau d’eau relié à la cuve. Une fois en place, j’active la haute pression qui va ramener la buse par propulsion et tous les matériaux lourds, cailloux, terre, sable, et de plus en plus, des amas de lingettes qui sont le nouveau fléau des canalisations. On aspire ensuite avec le deuxième tuyau », ajoute-t-il. Télécommande en bandoulière, précis dans ses manipulations, il guide de l’autre main le tuyau d’aspiration qui s’enfonce dix mètres plus bas. On aperçoit les canalisations et le muret du déversoir d’orage qui délimitent un vaste réservoir dédié au stockage du surplus d’eau de pluie en cas d’intempéries. Qu’il s’agisse de la pompe haute pression ou de la pompe à vide servant à l’aspiration, les deux systèmes sont en prise directe sur le moteur du Scania. « Les 200 bars envoient 340 litres à la minute. On a vraiment besoin d’un moteur puissant », rétorque Fabien Gennetay… Pas seulement. Il doit être robuste aussi, car si l’équipage ne fait que 10 000 km/an, le moteur est sollicité en permanence, avec près de 1 000 heures/an sur 220 jours travaillés. Pourtant, ce Scania se démarque d’une hydrocureuse classique puisqu’il roule au… bioéthanol. Inédit et innovant ! LA PHILOSOPHIE DE L’EAU DU SDEA « Le SDEA a été créé au siècle dernier, en 1939… par des élus visionnaires », insiste Marc Truttmann, responsable pilotage et innovation investissements et équipements réseaux. S’il s’agissait à l’époque de mettre en place un service d’eau potable, aujourd’hui, le SDEA 6 ALTERNATIVES • #46/2022 www.scania.fr

SDEA EN CHIFFRES • 350 millions d’euros, budget annuel global du SDEA pour plus de 700 communes et 1 070 000 habitants • 700 salariés, dont 55 conducteurs • 30 véhicules poids lourds dédiés à l’assainissement, dont 5 Scania (2 avec motorisation bioéthanol) AUTOUR DE L’EAU : • 3 700 tonnes de produits de curage/an • 10 % de linéaires de réseaux d’assainissement curés/an • 363 déversoirs d’orages surveillés couvre l’ensemble du cycle de l’eau. L’eau est ici considérée comme un bien commun dont la gestion, de plus en plus complexe, appelle une expertise et une vraie réflexion stratégique. Qu’il s’agisse de la distribution, de la sécurisation des apports en eau, de la pérennisation du réseau, de l’entretien régulier des ouvrages, le SDEA s’inscrit dans une vision à long terme co-construite avec les élus et l’ensemble des parties prenantes. « En outre, le Syndicat intervient aux côtés des collectivités membres pour piloter trois compétences : l’eau potable, les eaux usées, et une troisième compétence récente liée aux nouvelles contraintes réglementaires et aux changements climatiques, la Gestion des milieux aquatiques et protection contre les inondations (GEMAPI) », note-t-il. Dans les modalités de fonctionnement du SDEA, il n’y a pas de bénéfices pour des actionnaires, mais un budget investi dans l’amélioration des réseaux, la gestion du patrimoine où les économies d’échelle, la mutualisation des moyens humains et matériels fondent la stratégie du syndicat. Dans cette même veine, la promotion de la gestion locale du grand cycle de l’eau s’accorde avec les attentes et besoins des communes comme des usagers. « Ce modèle a toujours été le nôtre, et il tend à se redévelopper dans d’autres entités publiques », souligne Marc Truttmann. D’autant qu’il s’agit de plus en plus d’anticiper, d’apporter des réponses aux impacts liés aux changements climatiques sur le cycle de l’eau : manque d’eau et réseaux sous-dimensionnés Le SDEA existe depuis 1939 et gère l’eau sur trois départements et plus de 700 communes en Alsace-Moselle. Équipé de quatre essieux et d’un système de blocage de différentiel pour s’extraire des ornières, l’hydrocureuse Scania XT de 410 ch peut atteindre certains sites difficilement accessibles. www.scania.fr ALTERNATIVES • #46/2022 7

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